Une brève histoire du Couvent Notre-Dame-des-Anges

L’état actuel de ce qui fut, depuis sa fondation en 1641 jusqu’à la Révolution, le Prieuré du Couvent des Bernardines permet de prendre la mesure des aléas subis pendant les quatre derniers siècles.

Si le périmètre initial de l’implantation hors-les-murs demeure à peu de choses près ce qu’il était à l’origine, le bâti porte les traces des transformations et remaniements successifs, opérés pour la plupart au XIXe siècle.

L’atteinte la plus grave n’est cependant survenue qu’en 2009 avec la destruction totale dans un incendie de la charpente du XVIIe s. ainsi que de la couverture, moins ancienne.

À l’abandon depuis de nombreuses années, plusieurs des bâtiments de l’ancien couvent avaient déjà été vandalisés et incendiés volontairement.

Monument historique inscrit, le plus important témoin du passé de St Aignan après le château et la Collégiale (eux aussi beaucoup retouchés au XIXe s.), le Couvent méritait l’effort de sauver ce qui pouvait être sauvé.

C’est l’objectif des travaux en cours, entrepris avec le soutien de la Fondation du Patrimoine et du Ministère de la Culture.

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Quelques dates

11 novembre 1641, fondation du Couvent devant des notaires de Rouen par Nicolas Servien (seigneur de Montigny-les-Rouen) et Charles de Banquemare, père et oncle maternel d’Antoinette Servien, épouse de François de Beauvilliers, futur premier duc de Saint-Aignan. Accord du Comte de St Aignan le 23 octobre 1641, de la ville le 28 novembre, du vicaire général de Bourges le 8 décembre et de l’abbé de Clairvaux le 9 février 1642.

Les fondateurs réunissent les terrains nécessaires à l’établissement du couvent hors les murs entre 1640 et 1645. Les religieuses sont entrées dans le couvent le 28 mai 1646 (procès-verbal rédigé le lendemain par le prieur de Fontmorigny). Bénédiction de la chapelle le même jour par le doyen du chapitre de Saint-Aignan, François de Bonnafau. Première prieure : Elisabeth Servien.

27 juillet 1790 visite et inventaire du couvent par la commission municipale en application d’un décret de l’Assemblée nationale.

11 janvier 1791 nouvel inventaire en vue de l’aliénation du couvent et de ses possessions en tant que biens nationaux.

9 janvier 1792 Mise en vente de tous les biens de la communauté, estimés 16000 livres, adjugés pour 27800 livres à Bretheau, intendant du château, puis à un sieur Radot, Bretheau étant son fondé de pouvoir.

24 juillet 1794, le duc de Beauvillier est guillotiné, trois jours avant la chute de Robespierre (9 Thermidor).

1799 La veuve du Duc de Beauvillier était redevenue propriétaire de toutes ses anciennes possessions, y compris le couvent. À partir de la Restauration, diverses communautés religieuses offriront de l’enseignement aux enfants et jeunes filles de la région.

19e s. Le Prince de Chalais remanie les bâtiments de manière importante dans les années 1830 : destruction de la chapelle ainsi que de l’aile de jonction entre le pavillon des abbesses et le prieuré. Fermeture du cloître. Le cimetière qui s’y trouvait depuis deux siècles a disparu à une date indéterminée. De possibles documents sur ces travaux subsistent peut-être dans les archives du château mais n’ont pu être consultés par la commission des Monuments historiques pour compléter le dossier d’inscription conclu en 2006.

Avril 2004, l’école « Les Bernardines » s’installe Impasse Verdun.

Un promoteur rachète l’ancien couvent, qui demeurera à l’abandon jusqu’en 2020.

2006 Inscription à l’inventaire des Monuments historiques, proposée par la municipalité.

2009. Un incendie provoqué par des intrus se déclare dans le prieuré. Le toit est détruit et la charpente a totalement disparu.

2015. La Ville, qui avait fait préemption,  revend le site aux actuels propriétaires.

Sources : René Guyonnet, Saint-Aignan. L’Hôtel-Dieu et le couvent des Dames Bernardines, Saint-Aignan, 1984, complété par les Archives départementales et les Archives Nationales.

Publié par Michel Pierssens

Professeur de littérature française retraité. Animateur de diverses publications: Histoires Littéraires (Éd. du Lérot); Épistémocritique (en ligne); SubStance (Johns Hopkins University Press); Écrits perdus et retrouvés (en ligne).

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